HAPPY HALF THE TIME #2 (partie 1)

Happy Half The Time



INTERNATIONAL SUPERHEROES OF HARDCORE
Je n'étais pas du tout enclin à découvrir ce groupe : un side-project de New Found Glory sortit sur Bridge Nine. Bon ok, y'a des trucs cools sur ce label, mais c'est quand même le rassemblement d'une bonne ribambelle de trucs straight-edge à œillères pas fun pour un clou et peu disposé au second degré. Pourtant ce groupe est génial de dérision et de foutage de gueule, le truc le plus fun et le plus positif qui soit arrivé au hardcore depuis Good Clean Fun. De quoi décoincer bien des culs. C'est du hardcore pas très original certes, mais foutrement efficace et dansant avec une attitude et des paroles caustiques et délirantes. La scène hardcore passe à la moulinette de ces super-héros et on en ressort avec la banane, de la parodie par des véritables amoureux du style, sans outrage ni défiguration. Un peu comme "Shaun of the Dead" par rapport à Romero, dans un registre totalement différent…



LE VENTRE VIDE
Ça fait trois jours que je n'ai rien mangé. Ce n'est pas la première fois et c'est pareil à chaque fois que ça ne va pas. C'est étrange ce rejet de la nourriture que je fais, un peu comme si j'essayai de mettre mon corps dans le même état que mon âme. Peut être que la fatigue et la faiblesse physique m'aident à aller mieux, à exalter plus facilement. On cogite moins le ventre vide. En plus c'est pratique je fais des économies et je peux acheter plus de disques. Si j'arrêtais aussi de boire je n'aurai pas assez de place chez moi pour tout ranger…



KEN PARK - Larry Clark
Je voulais voir ce film depuis longtemps. N'ayant pas la télé, depuis que j'arrive à télécharger des films c'est parfait, j'en profite pour voir les films qui manquent à ma culture. Ce film est sans doute le plus percutant et le plus cohérent de Larry Clark, dans l'image et le propos surtout. La violence tranquille de notre société en prend plein la gueule. Ces gamins plus paumé les uns que les autres essayent de survivre et d'exister comme ils peuvent; naïvement à la recherche de sentiments forts et d'expériences vraies, la ou leurs parents ont lâché prise et ou la lucidité à laissé place à la mauvaise fois. Dans cette société en chute libre ces kids semblent finalement beaucoup plus lucides et terre à terre que leurs parents.



REGULATIONS
J'ai découvert ce groupe en voyant un t-shirt sur un gars à un concert. Le nom et le visuel mon attiré l'œil et le soir même j'écoutais ça sur le net. Ça m'a prit deux bons mois avant de trouver les 2 albums, au Québec, pour 7 euros pièces, la bonne affaire! Ce groupe suédois est excellent, hardcore old school, très punk, un peu garage, à la Circle Jerks. Ça dégage vraiment une putain d'énergie. Bon, les textes ne sont pas finauds mais en même temps ça rentre dans le lard autant que la zik et ça le fait comme ça. Ça me donnerait presque envie de m'acheter un perfecto…



HANCOCK
La tête au fond du trou, envie d'aller voir un truc fun et benêt, c'est parti. Quand on ne paye pas le ciné on se laisse parfois tenter par de purs navets, c'est le grand drame de la gratuité, surconsommation aveugle et gaspillage intensif et je tombe dedans aussi, comme un con. Enfin bref, en fait, la première partie du film est excellente. Le mec, super-héros alcoolique détruit la moitié de la ville tous en sauvant des gens, tripote les meufs qu'il sauve, insulte les gens et terrorise des gamins, il ressemble à un clochard et tout le monde le déteste. Désacralisation complète du film de super-héros. Hancock est seul, triste et se fout d'être populaire, tellement désinvolte qu'il n'a même pas de double identité ni de costume comme tout les bons super-héros qui se respectent ! La suite du film patauge un peu dans la mélasse, en avant les violons, on va vous tirer quelques larmes et vous montrer qu'au fond ce mec est un brave type…



VOYAGE AU BOUT DE L'ENNUI (OU LES CHRONIQUES DE LA CAMIONNETTE)
Dernière ce titre à rallonge se cache en vérité le journal de bord de Vérole, chanteur des cadavres à l'époque, recueil de notes prises sur la route entre 1992 et 95. Il m'a passé le manuscrit pour me demander mon avis, je ne sais même pas sous quelle forme ça va sortir, zine ou vrai bouquin…? en tout cas j'ai adoré. Il ne s'agit pourtant que des trajets, pas un mots sur les concerts ou autre. Ça ne parle même pas de musique. C'est drôle, incisif, mais désemparé et fragile. Qui plus est pour quelqu'un qui tourne aussi avec un groupe. On y retrouve tout ce qui fait le charme et en même temps de désenchantement des tournées. L'ennui, l'attente insupportable, la routine qui s'installe. Vérole passe des lamentations existentielles au constat toujours plus amer du déclin de notre société en passant par des railleries plus légères sur le dos de ses camarades de route. C'est touchant, ça se lit vite et en plus c'est mon pote alors comptez pas sur moi pour en dire du mal !



THÉ DANSANT
La démo est sortie il y a pas mal de temps mais j'ai eu l'occasion de les voir deux fois en concerts récemment et d'écouter quelques nouveaux titres. Ce groupe est génial, encore un peu bancale mais c'est assez foufou et tendu pour que ça passe parfaitement. Peut être que certains plans sont trop ambitieux techniquement.. Perso, je pense que je serais incapable de faire tenir autant de riffs dans un morceau !! Mais l'énergie est là, les bonnes idées aussi, les breaks inventifs, les textes sont cool… Alexis le chanteur guitariste a un putain de charisme, c'est drôle de le voir sur scène sauvage et plein de tensions quand on le connaît en dehors, doux, réfléchis et posé.


THE DANSANT - La rhétorique et les briques.mp3
(sur la compilation mp3 SUPPORT YOUR LOCAL PUNK SCENE VOL.1)



LESS THAN JAKE - GNV FLA
Voila un groupe que j'écoute depuis longtemps et je dois avouer que j'ai encore un goût de vomi en bouche au souvenir de leurs derniers albums en date… Je crois même que je n'ai même pas écouté le tout dernier. Je m'en rappelle, j'allais au lycée avec leur vieux disque à donf dans le lecteur minidisc, ouais, tu te souviens de ce truc? Je me galérais à télécharger des mp3 sur Napster puis à les graver sur CD pour ensuite les copier sur minidisc!! Déjà que y'a des kids qui ne savent même pas ce que c'est que Napster, j'imagine même pas ce que le minidisc doit leur évoquer... Bref, voila que sort GNV FLA, exit la major, ça arrive sur leur propre label après des chouettes rééditions des premiers opus. Allez je me jette une oreille dessus. Cool! on dirait presque un album de la grande époque, période Losing Streak. Ça fait du bien par ou ça passe. Malgré leurs récentes prestations scéniques pantouflardes me voila tout de même réconcilier, cet album c'est presque comme faire du sexe après une bonne dispute.



ACCIDENT
Je suis tellement mal. Comme bercé par le remous au fond d'un puit. Quelques semaines après la rupture ça affecte encore plus. Pas de regrets ni rien, au contraire, mais juste un vide terrible, un conflit muet et en même temps une angoisse pesante à l'idée de la croiser. Assumer devant tout le monde que l'on n'est plus ensemble. Pas simple. Pourtant j'arrive à sublimer, à paraître au top, l'alcool aidant… elle doit me trouver infect. Je ne sais même pas si je le mérite. Sûrement. En même temps, en face elle simule la même comédie... Je suis sur qu'elle encaisse mieux que moi mais c'est elle qui va trouver secours. J'ai juste envie de m'endormir, ici en plein jour, ou même sur mon scooter, me prendre un bus en pleine face, être la vedette d'une vraie violence pas comme ce caricatural malaise d'ado qui me stigmatise le ventre.



COLISEUM
J'attendais avec hâte leur concert et je n'ai pas été déçu, ça allait même au-delà de mes espérances, looks déplorables certes mais super énergie, pas trop de sérieux et interventions parfaites. Le batteur est un monstre de technique et de charisme, une pure pile électrique chargée à bloc. Très impressionnant. J'en ai profité pour choper le dernier album. Excellent lui aussi. Dans la même veine que le précédant. Hardcore lourd et ravageur, je me laisserai bien aller à dire que c'est vaguement stoner mais j'ai tendance à l'utiliser d'habitude comme gros mot, un style souvent beauf et pas fin. Toujours est-il que ça galope sévèrement sur ce disque et que les 13 morceaux défilent à toute vitesse, à peine le temps de se mettre dedans que c'est déjà fini et que je me le repasse illico. Un parfait mélange de stock-car et de bulldozer.



A HISTORY OF VIOLENCE - David Cronenberg
Je n'avais toujours pas vu ce film, pourtant j'adore Cronenberg et qui plus est ses films les moins "fantastique". Ce film est un chef d'œuvre. C'était hier soir et j'en ai encore des frissons, je le regarderai presque déjà à nouveau. Si le film est très violent, cette violence n'est absolument pas stylisée comme c'est souvent la mode en ce moment, ça reste très froid, très calme, toujours frontal. Viggo Mortensen qui interprète le héros est parfait, le jeu du regard qui illustre ses changements de "personnalité" est impressionnant de maîtrise et de justesse. J'ai encore malgré tout du mal à situer le propos du film. Est-ce un film sur la rédemption ? sur notre rapport à la violence, voir même au sexe ? Une critique sociale de cette Amérique ou la violence est sans cesse glorifiée ? Un film sur la famille ? Peut-être tout à la fois. Ça va même sûrement encore plus loin encore que tout ça… un chef d'œuvre je te dis !!



RENTOKILL - Antichorus
On l'aura attendu longtemps cet album. Le bon en avant par rapport au premier opus, n'en est que plus impressionnant : au niveau du son déjà, mais aussi des compos et du chant surtout, beaucoup plus à l'aise. Le rendu est plus nerveux, plus direct. Fougueux à souhait et énervé. A la manière de Flatliners ou Hostage Life par exemple. Le disque tourne beaucoup autour des médias, internet, la consommation échevelée d'infos ou de musique... Les premier mot du disque sont "Are we streaming to listen or are we listening to stream ?" beaucoup de texte passe par des questions. "Are we using our music to sell revolution or using revolution to sell our music ?", ici pas de slogans idiots et stéréotypés à reprendre en chœur et bien en rang. Le titre le l'album d'ailleurs n'est pas là pour me contredire. Leur rhétorique est souvent construite sur ce genre de chiasme, je me demande si user à outrance du même mécanisme ne va finalement pas à l'encontre de leur propos ? Enfin, on fait tous pareil, peu importe. Le discours est pertinent, les idées sont bonnes et la musique foudroie, que demander de plus ?



STRENGTH APPROACH - All the plans we made are going to fail
Nouvel album pour les italiens de Strength Approach. Si l'album précédent était très old school, très roots, là ça s'envole vers du punk hardcore mélodique assez moderne. La bio du label les situe entre Sick Of It All and Kid Dynamite, c'est pas si mal en fait comme comparaison. Et pourtant je n'accroche pas tellement à SOIA sur disques… Les 15 titres arrachent du début à la fin. Ici ça ne s'encombre pas avec des intros interminables, pas de mosh part à la con non plus, ça défouraille à fond : du hardcore jouer comme du punk rock, pas l'inverse comme le font tous ces groupes affreux… ces mecs ont tout compris.



(à suivre)

1 commentaires:

  cactusdesneiges

26 février 2010 à 03:55

En cherchant "the dansant" que tu conseillais dans ton blog, je suis tombé sur "cette chose" magnifique : http://www.youtube.com/watch?v=84HSD1kPMFc , merci, grâce à toi, je me suis approché un peu plus du paradis :)